Structures de Collaboration
Différentes formes de collaboration
Il existe plusieurs formes de collaboration entre la santé publique et les services de première ligne. Les formes les plus courantes se distinguent de trois façons.
Équipes interdisciplinaires
Il y a la collaboration qui engage des équipes interdisciplinaires. Cette forme de collaboration entre la santé publique et les services de première ligne est plus fréquente lorsque les intervenants travaillent dans une même direction régionale, comme c’est le cas en Colombie-Britannique ou en Alberta.
Un exemple? Il existe des cliniques de santé sexuelle qui offrent des services de proximité, dans divers milieux de vie, et dont les équipes interdisciplinaires sont composées d’infirmières de services de première ligne et de la santé publique, de médecins, de travailleurs sociaux et d’intervenants communautaires. Au Québec, les équipes interdisciplinaires des Centres locaux de services communautaires (CLSC) offrent des services de première ligne, tout en contribuant à la mission des Centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS) qui exercent une responsabilité populationnelle, incluant le volet santé publique.
Programmes et services de santé publique dans des services de première ligne
À titre d’exemple, une nutritionniste faisant partie de la direction de santé publique d’un territoire anime des activités mensuelles auprès de personnes vivant avec le diabète pour renforcer de saines habitudes culinaires. Des séances de groupe ont lieu dans la salle de réunion de la clinique des services de première ligne, en collaboration avec l’infirmière praticienne qui fait des suivis de santé.
Programmes et services de première ligne dans des établissements de santé publique
Dans ce cas, prenons l’exemple de la gestion de programmes communautaires de vaccination contre la grippe. Durant les périodes de pointe, les infirmières des services de première ligne peuvent être détachées de leurs cliniques pour collaborer avec les infirmières de santé publique qui organisent des cliniques communautaires.
Exemple : une collaboration pour soutenir la cessation tabagique
Plus souvent qu’autrement, c’est la santé publique qui initie ou qui facilite la collaboration dans ce type de dossier. Il arrive couramment que des intervenants de la santé publique transmettent des connaissances sur des pratiques exemplaires, tant aux médecins qu’aux infirmières praticiennes ou cliniciennes des services de première ligne, pour renforcer leurs capacités dans l’implantation des meilleures pratiques pour la lutte au tabagisme. De plus, des infirmières de la santé publique accompagnent des intervenants des services de première ligne dans leurs démarches pour identifier et implanter des ressources gratuites en cessation tabagique.
Dans notre exemple de collaboration, les intervenants ont accepté de mener conjointement des activités auxquelles se sont également ajoutés des partenaires communautaires. De plus, ils se sont engagés dans des actions collectives de lutte au tabagisme et ils offrent leur appui à diverses interventions locales de cessation tabagique. La collaboration facilite :
- l’intégration de pratiques exemplaires dans toutes les stratégies de lutte au tabagisme
- l’appui à des initiatives de développement de politiques antitabac dans des milieux de travail qui soutiennent les efforts de cessation tabagique des employés
- la réorientation des services de santé via l’offre de formation ou l’accessibilité à des ressources pour renforcer les compétences des intervenants qui désirent inclure des activités de cessation tabagique dans leurs milieux. Ces activités incluent, entres autres, l’accès aux thérapies de remplacement de la nicotine, des interventions de counseling individuel d’intensité élevée, l’approche motivationnelle et l’animation de groupes de soutien
- des actions de sensibilisation destinées aux professionnels de la santé et aux responsables de leur formation pour souligner les effets bénéfiques de la cessation tabagique sur diverses maladies chroniques
- la participation à toute activité qui vise la réduction ou la cessation tabagique
- le développement et la consolidation de partenariats pour renforcer les capacités de lutte au tabagisme dans la communauté
- la formation des intervenants pour orienter toute demande d’aide à la cessation tabagique aux lignes d’écoute ou aux sites interactifs développés et mis à jour par les instances provinciales
- la promotion de concours d’abandon du tabac, aux niveaux régional ou provincial
- la collaboration avec des centres d’expertise et de recherche sur les dépendances
- l’engagement dans des actions collectives qui appuient l’accès universel aux thérapies de remplacement de la nicotine
Ces actions se sont rapidement étendues à d’autres enjeux de santé comme la prévention du cancer ou les saines habitudes de vie en matière d’activité physique, de protection solaire et d’alimentation. Un bottin de ressources destiné aux cliniques et services et de première ligne a également été créé et distribué. Ce bottin est accompagné de matériel divers, incluant des instructions et des formulaires pour la commande de matériel supplémentaire. Cette démarche a mobilisé la contribution de plusieurs intervenants et collaborateurs, incluant du personnel de différents programmes de santé publique et des équipes de services de première ligne.
Construire une compréhension partagée
Lorsque des personnes s’engagent dans une collaboration, c’est préférable de s’entendre sur une compréhension commune des termes qui désignent les différentes façons de travailler ensemble. Un langage commun et une compréhension partagée peuvent faciliter une Communication efficace. Il s’agit d’un élément critique d’une collaboration réussie.
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Le continuum de la collaboration selon Himmelman
En 2002, Arthur Himmelman a mis au point un continuum de collaboration qui distingue différentes formes de collaboration entre des organisations. Ces concepts s’appliquent à la collaboration entre les services de première ligne et la santé publique.
Le continuum comprend différents niveaux soit, le réseautage, la coordination, la coopération et la collaboration. Chaque niveau contribue au développement du suivant. Aucun des niveaux n’est plus important qu’un autre et les stratégies mobilisées sont différentes selon le but poursuivi. La confiance se construit à travers les niveaux de ce continuum. Plus on avance dans ce continuum, plus on investit du temps dans les relations établies et plus on partage des ressources.
Le réseautage signifie l’échange d’information pour le bénéfice mutuel.
Réseautage
« Je contacte la santé publique quand j’ai besoin d’informations, par exemple pour connaître la mise à jour des calendriers de vaccination. Il m’arrive aussi de leur transmettre des informations quand je dois signaler une maladie à déclaration obligatoire.”
La coordination, qui s’appuie sur des acquis du réseautage, comporte des changements d’activités pour le bénéfice mutuel des organisations en vue d’atteindre un objectif commun. Règle générale, une meilleure coordination entre les programmes et services améliore l’accessibilité aux ressources.
Coordination
“Nous planifions une collecte d’information dans notre communauté. Nous voulons inviter des membres de la communauté à notre table pour partager de l’information sur ce qui se passe dans nos milieux et pour dresser un portrait de l’offre de services de nos partenaires en première ligne, de la santé publique et d’autres établissements et organismes communautaires. Comme ça, on pourra dire que c’est la communauté qui a identifié les enjeux prioritaires. Par exemple, pour la prévention de l’obésité, chaque organisation peut jouer un rôle. On pourra déterminer qui se sent le mieux outillé pour prendre en charge tel ou tel aspect du problème et de l’intervention.”
La coopération s’appuie sur les dimensions de la coordination auxquelles s’ajoute le partage des ressources. Ces ressources peuvent être humaines, monétaires ou techniques, comme celles liées aux connaissances.
Coopération
“ Il y a un événement communautaire en fin de semaine. C’est une journée d’activités pour rejoindre les personnes sans-abri et itinérantes. L’équipe de proximité de notre centre communautaire a demandé à une équipe d’intervenantes de la santé publique d’être sur place pour offrir des services de vaccination contre la grippe.”
La collaboration comprend toutes les dimensions nommées ci-haut. De plus, elle contribue à l’amélioration des capacités de l’autre pour le bénéfice mutuel des organisations en vue d’atteindre un objectif commun.
“Nos partenaires engagent leurs organisations respectives dans une structure qui privilégie une approche par programme. Cette approche nécessite une planification et des interventions établies conjointement pour atteindre des buts et des objectifs communs. On y arrive grâce à un comité de pilotage composé de partenaires provenant des différentes organisations. Ils travaillent ensemble pour identifier des besoins et des ressources, planifier des actions et assurer l’atteinte des buts fixés conjointement. De plus, ils redistribuent les ressources pour réduire les écarts identifiés et le dédoublement de services. L’offre de services s’en trouve améliorée.
Certaines de nos politiques, ainsi que les mécanismes de communication que nous avons établies conjointement dans ce programme, favorisent une approche sensible aux réalités des femmes. Cette approche est d’ailleurs cohérente avec l’approche centrée sur la personne que nous privilégions dans nos services de première ligne. Un protocole formel décrit notre entente de partenariat et fait l’objet d’un suivi par un Comité de gestion. Ce comité, constitué de représentants des divers partenaires, se réunit au besoin.”
La nature de la collaboration
Testez votre compréhension. Rattachez chacune des activités de la colonne de gauche à la stratégie ou façon de faire de la colonne de droite.